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Évaluation

Il s’agit de décider de la valeur d'un résultat qui ne peut pas être mesuré.  Pour conserver une certaine objectivité, elle s'appuie sur des méthodes plus ou moins normées, sur des référentiels, sur le respect de principes et critères.

Auto-évaluation et co-évaluation

L'auto-évaluation et la co-évaluation visent à permettre à l'élève de prendre plus de responsabilités dans son processus d'apprentissage, par la réflexion et par la réaction des pairs. Ce sont des méthodes très efficaces sur le plan de l'évaluation formative. Ce qui distingue l'auto-évaluation de la co-évaluation, c'est que l'élève s'instruit sur l'apprentissage en réfléchissant à son propre travail ou à ses propres activités. Dans le deuxième cas, l'élève s'instruit sur l'apprentissage en réfléchissant aux activités des autres élèves.

L'enseignant doit se rendre compte que l'élève perçoit l'auto-évaluation d'une manière bien différente de la sienne. D'un point de vue historique, l'élève ne se perçoit pas comme étant responsable de son évaluation. Elle voit l'enseignant comme celui qui détient l'autorité. Par conséquent, elle essaie de faire coïncider son évaluation avec ce qu'elle croit être celle de l'enseignant.

Le fait d'inciter l'élève à participer à l'établissement des critères d'évaluation de ses travaux lui fait assumer une part des responsabilités. Employée intelligemment, avec plus d'insistance sur le développement et la compréhension de soi que sur la note finale, l'auto-évaluation peut contribuer à permettre à l'élève de structurer son propre apprentissage. Cela peut accentuer le sentiment d'appartenance de l'élève au processus d'apprentissage.

Un autre objectif est atteint lorsque les élèves contribuent à l'établissement des critères. Elles apprennent à mieux connaître les attentes de l'enseignant vis-à-vis de leur travail.

L'auto-évaluation et la co-évaluation doivent être réservées aux situations qui mettent en valeur la connaissance de soi dans la démarche d'apprentissage. Les projets qui supposent plusieurs habiletés d'apprentissage (recherche, planification, ébauche, produit fini) en sont d'excellents exemples. Cela s'applique également aux situations où l'on incite vivement les élèves à interagir.

Références

http://fr.wikipedia.org/wiki/Évaluation

http://www.sasked.gov.sk.ca/docs/francais/tronc/eval/html/a10.html

http://bla-bla.cycle3.pagesperso-orange.fr/evaluco.htm

Co-évaluation

C'est un moyen très précieux de donner du sens à l'évaluation.  La co-évaluation renforce les attitudes réflexives entre les élèves. Elle repose avant tout sur un climat de confiance où le jugement de valeur est banni.  Les co-évaluateurs doivent répondre à deux questions essentielles :

  • Quels sont les points positifs ? 
  • Quels sont les pistes à améliorer, développer ou explorer ?

Il est primordial d’adresser ces question dans cet orde et de conserver un équilibre entre ces deux aspects (positif : 50-60% ; à explorer : 40-50%).

La co-évaluation vise avant tout à être constructive.  En ce sens, chaque point soulevé doit correspondre à certains critères :

  • Observable (Ex : « Lorsque tu expliques ta stratégie d’intervention ... ») ;
  • précis (Ex : « Lorsque que tu nommes ton intention ... ») ;
  • dans le cas d’un point positif, être en mesure d’en expliquer la qualité ou l’intérêt (Ex : « Je trouve ton approche très intéressante car ton intervention est rapide et efficace ») ;
  • dans le cas d’une piste à explorer, être en mesure de justifier la pertinence des pistes de travail ou de solution (Ex : « J’ai eu ce même problème et je l’ai réglé en faisant ... »).

Pour cibler les points à évaluer, le co-évaluateur se base sur des critères établis à l’avance de façon consensuelle.  En cas de difficulté, ce dernier peut suivre des pistes telles que :

  • J’aimerais en savoir plus ... Par rapport à quoi ? (Ex : « J’aimerais mieux comprendre pourquoi tu as pris cette décision. »)
  • Ce passage me laisse perplexe ... Pourquoi donc ? (Ex : « Je ne suis pas sûr de bien te suivre ... »)
  • Certains liens pourraient-ils être plus concrets ou plus explicites ... Comment ? (Ex : « Lorsque tu parles de motivation, que fais-tu pour la favoriser ? »)
  • Ce passage me touche ... De quelle façon ? (Ex : « Je ressens bien ton engagement envers cet élève. »)
  • J’aimerais te donner un défi ... dans quelle intention ? (Ex : « Le thème de l’injustice reviens souvent dans ton travail. D’où te vient cette sensibilité ? »)

Le co-évaluateur peut tenter de répondre pour lui-même à une ou plusieurs de ces questions et ainsi être en mesure de formuler des commentaires pertinents.  Éviter de faire du reflet sauf si le contrat de co-évaluation prévoit un tel mode de rétroaction.  Il est possible, par contre, de partager des résonances en guide de conclusion (Ex : « Ton journal me touche beaucoup parce que ... »).

D’ailleurs, il peut aussi arriver dans un contexte plus avancé que la co-évaluation perde son sens.  À ce moment, la co-évaluation peut prendre une tournure plus dialogique et suivre des pistes au niveau de ce que la lecture du travail suscite chez le co-évaluateur :

  • Des pistes de réflexion (Ex : « En te lisant, je vois l’importance que tu accordes au potentiel de chacun. Comment cela va-t-il influencer ton travail d’enseignant ? »)
  • Des questions (Ex : « Tu dis que cette expérience t’as permis de te libérer, de quoi t’es-tu libéré ? »)
  • Des prises de conscience (Ex : « En te lisant, je me rends compte que j’ai toujours eu peur de m’affirmer. »)
  • Des liens avec de la théorie (Ex : « Ce que tu expliques va tout à fait dans le même sens que Meirieu quand il parle de se mettre en je »)
  • Des expériences en lien avec le sujet (Ex : « J’ai vécu une situation similaire ... »)

Il importe que ces éléments soient élaborés de façon à faire un lien avec le texte et à pousser plus loin la réflexion (pas au sens de « mieux » mais au sens « d’ailleurs »).

Auto-évaluation

L’auto-évaluation reprend essentiellement les méthodes et principes de la co-évaluation mais en tenant également compte des processus internes, soit :

  • Comment me suis-je senti face à la tâche ? (Ex : « J’étais content », « Je n’étais vraiment pas sûr »)
  • Quelles stratégies et ressources  ai-je considéré ? (Ex : « J’avais envie de commencer par la lecture du texte ou bien par ma propre expérience »)
  • Quelles stratégies et ressources  ai-je utilisées ? (Ex : « J’ai demandé à ma tante », « J’ai fait un résumé de chaque paragraphe »)
  • Quelles sont les forces et les compétences que j’ai mobilisées dans ce travail ? (Ex : Mon sens de l’observation)
  • Quelles difficultés ai-je rencontrées ? (Ex : « Je n’arrivais pas à trouver une seule idée principale par paragraphe. »)
  • Suis-je satisfait du résultat ? Expliquer en quoi et pourquoi. (Ex : « Je suis plus ou moins satisfait car ma conclusion me semble trop répétitive » - À éviter : « J’aurais sûrement pu faire mieux »)
  • Quel objectif je me donne à présent ? (Ex : Réaliser une synthèse de mes apprentissages à chaque semaine, poser au moins une question en classe)

De plus, l’auto-évaluation s’inscrit dans une démarche progressive à moyen et long terme, par exemple au moyen d’un portfolio, et permet aussi de faire le point sur une démarche en cours :

  • Y’a-t-il là des forces ou des compétences que je mobilise à répétition ?
  • Me suis-je découvert de nouvelles forces ?
  • Ai-je encore les mêmes difficultés ?
  • Ai-je rencontré de nouvelles difficultés ?
  • Où en suis-je par rapport aux objectifs que je m’étais fixés ?
  • Ai-je de nouveaux objectifs en vue ?é

L’auto-évaluation peut aussi atteindre un autre niveau à l’aide d’une élaboration en parallèle qui aide à faire ressortir les points les plus importants ou les concepts clés, par exemple par le biais d’une carte mentale ou heuristique.

Les questions d’auto-évaluation et de co-évaluations proposées sont des pistes pour aider le processus. L’apprenant est encouragé à inventer ses propres questions pour que son auto-évaluation soit le plus possible en lien avec son expérience. L’auto-évaluation constitue d’abord et avant tout un exercice d’honnêteté et d’intégrité face à soi-même et à son travail.Pistes d’auto-évaluation de sa participation

L’auto-évaluation peut aussi servir à compléter les observations réalisées par l’enseignant ou le professeur de façon à nuancer ces dernières par le point de vue subjectif de l’élève ou de l’étudiant. Cela permet entre autres d’aplanir les zones d’ombres liées au fait que l’enseignant ou le professeur ne peut pas tout voir. En ce sens, l’auto-évaluation devrait s’appuyer sur des moments spécifiques vécus en classe.

  • assiduité au cours (Ex : pourquoi j’ai manqué des cours et ce que j’ai fait pour compenser) ;
  • participation aux discussions de classe (Ex : « Lors de la discussion sur la résolution de conflit, j’ai apporté plusieurs points à la discussion ... ») ;
  • implication dans les activités suggérées (Ex : « Lorsque nous pratiquions les reformulations, nous avons pris le temps d’essayer plusieurs variantes et sujets ») ;
  • attitude face aux difficultés (Ex : « l’atelier de co-développement m’intimidait, mais je me suis forcé à participer au moins une fois par présentation ... » ;
  • contribution au groupe ou à des membres du groupe (Ex : « L’exemple que j’ai proposé pour un reflet m’a semblé beaucoup aider mes collègues à comprendre ») ;
  • contribution d’un ou d’une collègue à votre égard (Ex : « ... m’a aidé à distinguer les 2 types de reformulation ... »).

Comme les défis et les forces sont différents pour chacun, on peut demander à l’élève ou à l’étudiant de pondérer chaque point selon l’importance que ceux-ci revêtent à ses yeux, par exemple entre 1 et 3 points chacun pour un total de 10 points.

 

Considérations générales

Il est essentiel de maintenir un équilibre constant entre :

  • Les principes d’utilisation et le contexte d’utilisation
  • Le processus d’apprentissage et les finalités de l’apprentissage

C’est-à-dire que que les principes doivent non seulement être clairs, mais adaptés à la nature des critères d’évaluation qui sont déterminés par le contexte. Par exemple, s’agit-il de gestes et de techniques précises ou bien d’une démarche réflexive ? 

De plus, l’auto-évaluation et la co-évaluation supposent un apprentissage et un approfondissement continus, donc une précision progressive des finalités de ces pratiques. Les finalités de l’évaluation, notamment son aspect éthique, sont ainsi apprivoisées par la pratique et par les questions qu’elle soulève.